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Pascal Torres
Les Batailles de l’empereur – La gloire de Qianlong célébrée par Louis XV : une commande royale d’estampes
Pascal TorresL’empereur de Chine Quianlong voulut immortaliser ses conquêtes en Haute-Asie, à la suite de la campagne militaire qu’il mena de 1755 à 1759. Il fit tout d’abord peindre dans son palais de Pékin quelques scènes de batailles et portraits de ses officiers. Découvrant avec émerveillement des estampes de batailles réalisées d’après des peintures occidentales, l’Empereur conçut de faire graver dans le cuivre les peintures de batailles de son palais.
Quianlong fit demander à quatre artistes missionnaires établis à Pékin de les traduire par le dessin. Et ces dessins furent expédiés à Paris où le ministre Bertin, de qui dépendait la Compagnie des Indes, s’adressa à Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi, pour mener à bien la commande.
L’ensemble des seize estampes, commande exceptionnelle dans l’histoire de l’art français, fut confiée à Charles-Nicolas Cochin, qui reprit l’exécution des dessins originaux et joua un rôle d’éditeur, chargeant, dès 1767, des graveurs français prestigieux de l’exécution des planches. En 1775, l’ensemble des estampes était livré en Chine, avec les cuivres originaux et deux presses à taille-douce destinées à diffuser la technique de la gravure sur cuivre en Chine.
Par-delà l’intérêt historique des échanges artistiques et économiques entre la France et l’Orient, la célèbre suite des Batailles de l’empereur de Chine soulève clairement la question de l’intelligence mutuelle, mêlée d’incompréhension et de fascination, entre deux cultures aussi éloignées que celles de la France de Louis XV et de la Chine de Quianlong.
Prémisses de la modernité, cette rencontre précoloniale constitue un témoignage passionnant sur l’imaginaire européen confronté à l’une de ses principales sources d’inspiration rocaille : la fantaisie orientale. Toutefois, ce goût « chinois », sincère et manifeste, se limita au seul aspect narratif, rejetant la structure formelle des œuvres orientales pour n’en conserver que l’anecdotique. Ce n’est qu’au moment du triomphe de l’orientalisme – auprès d’artistes aussi fondamentaux que Manet – que la compréhension de la Chine ouvrit, du point de vue plastique, de nouvelles perspectives formelles à l’art français.
ISBN: 978-2-84742-132-3
Coéditeurs:
Editions Le Passage
, Louvre éditions
Date de publication: février 2009
Nombre de pages: 160
Dimensions du livre: 17 cm X 23,5 cm
Prix public: 28 €